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Bus de nuit pour Luang Prabang

Cette fois nous décidons de ne pas prolonger notre visa de 30 jours au Laos et devons accélérer la cadence pour sortir du pays avant son échéance. Un bus de nuit nous transporte alors de Vientiane à Luang Prabang, ville au nord du Laos classée à l’Unesco. Nous croyions à tort que voyager à vélo c’était l’aventure. Que nenni, prendre les transports publics est davantage source de péripéties.


La station de bus est située à une dizaine de kilomètres de Vientiane et le départ est fixé à 20h00. La route qui y mène n’a rien d’intéressant mais les vélos permettent une fois de plus d’échapper à la mafia des tuk-tuks. Bien que nous soyons en avance, le conducteur et son aide-chauffeur chargent déjà le véhicule. A la tête qu’ils tirent en voyant notre convoi, nous nous demandons si la place sera suffisante pour tout notre matériel. Finalement, tout est soigneusement arrimé sur le toit. Après avoir reçu un sac en plastique dans lequel nous sommes priés de mettre nos chaussures, nous nous installons dans ce qui va constituer notre lit pour la nuit, soit un espace de 1m50 de long (Dom mesure 1m80) sur 1m de large pour nous trois. A cet instant, nous réalisons que la nuit sera longue. C’est parti pour 12 heures de route défoncée et de virages en épingle. Nous nous étendons et tentons des techniques pour être le moins inconfortable possible. Pour Dominique, à défaut de s’étendre de tout son long, il a le loisir de choisir entre plier le haut du corps ou bien les jambes. Le « secret » est en fait d’alterner ces positions. Ensuite, pour que nous puissions nous coucher tous les trois, la seule issue est la position latérale, ce qui signifie changer de côté dès que l’impression de perdre son bras se fait sentir. De plus, les virages et les coups de volant pour éviter les nids-de-poule demandent une concentration maximale pour ne pas tomber de la couchette et éviter d’avoir mal au coeur. Pour couronner le tout, la climatisation défectueuse suinte des gouttes d’eau sale sur nos têtes. Bref, on a mal dormi.


Le bus s’arrête, il est 4 heures du matin. Sommes-nous déjà arrivés ? Immobilisé dans la descente d’un col, notre bus est au milieu de dizaines d’autres véhicules. Les chauffeurs se regroupent et commencent à allumer de petits feux au bord de la route pour se réchauffer et griller quelques saucisses. Drôle d’heure et d’endroit pour un barbecue. Dominique décide de suivre à pied la file de bus et de camions pour constater, deux kilomètres plus bas, l’accident source de cet embouteillage. En attendant que la situation se débloque, le jour se lève et les dizaines de passagers sortent des bus, s’installent à même la route et fraternisent. Nous partageons un paquet de graines de tournesol avec une famille laotienne. Soudain, les klaxons retentissent et au soulagement général, la voie est à nouveau ouverte. Plus épuisés que par une journée de vélo, nous arrivons avec 6 heures de retard dans la magnifique ville de Luang Prabang.


A peine installés dans un hôtel, nous réalisons que nous avons oublié le chargeur de l’ordinateur portable dans un café de Vientiane. Nous faisons d’abord de vaines recherches pour en acheter un nouveau. Finalement, la seule solution est de récupérer l’original. Après de multiples téléphones en anglais et en laotien à l’aide du réceptionniste de l’hôtel, le chargeur est censé arriver le lendemain par avion ! Nous avons de la peine à y croire. Le lendemain, Dominique se rend à l’aéroport à vélo avec un numéro de référence pour récupérer le colis. Au bureau du service cargo de l’aéroport, l’employé annonce que le paquet a déjà été réceptionné par quelqu’un. En fait, nous ne l’avions pas compris, mais l’employé de l’hôtel nous l’a ramené entre-temps. Heureux d’avoir à nouveau un ordinateur fonctionnel, nous publions enfin l’article précédent qui attendait au chaud depuis quelques jours déjà.


Décidément, Luang Prabang est la plus belle ville qu’on ait visitée depuis le début du voyage. Ses maisons coloniales lovées dans les méandres du Mékong, ses dizaines de temples, les processions matinales des moines et ses restaurants d’excellente qualité confèrent à la cité un charme particulier. Certains diront que le tourisme de masse l’a rend moins attrayante, mais pas pour nous. C’est même plutôt le contraire qui se produit, car en voyageant à vélo nous avons notre dose d’authenticité locale et sommes ravis de pouvoir parler français et de manger autre chose que du riz frit ou de la soupe de nouilles.


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