Au Vietnam, le marchandage est culturel. Nous devons négocier férocement chacun de nos achats, le prix pouvant varier du simple au double. A force de se prendre au jeu, on perd la notion de la réelle valeur des choses. Par exemple, nous marchandons pendant 5 minutes pour acheter une bouteille d’eau. Le vendeur en veut 8’000 Dongs ; nous ne voulons pas lui en céder plus de 5’000. Faute de consensus, nous partons la gorge sèche sans vraiment réaliser que cela correspond à une différence de 13 centimes...
Le coût de la vie au Vietnam est bas. Un repas au restaurant pour les trois revient à environ 5.-, une nuit d’hôtel à 12.-. Notre record pour une chambre s’est établi à 2.- la nuit. C’est également le record de notre plus mauvaise nuit. En voici le récit.
La route que nous empruntons pour arriver à Rach Gia, le point de départ du bateau pour l’île de Phu Quoc, est horrible. Elle nous rappelle la sortie de Ho-Chi-Minh. Malheureusement, nous n’avons pas d’autres possibilités. Le choix d’hébergement est limité et nous sommes exténués. Notre gps nous indique un motel. Nous nous y rendons. Face à nous, une maison accueillante de laquelle sort une vieille femme dont le visage est couvert de boutons blancs. Elle comprend que nous souhaitons passer la nuit ici et nous demande de la suivre non pas dans sa maison, mais en direction d’une sorte de garage jouxtant sa demeure. Nous croyons qu’il s’agit du lieu où entreposer nos vélos. Que nenni. C’est notre chambre. Son toit est composé de tôles ondulées sous lesquelles la chaleur est étouffante. Nous pénétrons dans une petite cour fermée par un grillage, située à 5 mètres de la route. De là, nous voyons un lit unique, étroit et dur, occupant une bonne partie de la petite pièce. Au fond, une ouverture donne sur la salle de bain où la propreté laisse à désirer. Le mobilier est composé d’une cuvette de toilette, de la traditionnelle douchette à fesses et du seau d’eau permettant de se laver les mains. La dame nous demande si le lieu nous convient. Vu l’heure tardive et sachant que le prochain hébergement est situé à 30 km, nous acceptons à contre-coeur. Ravie, elle nous donne la « clé », c’est-à-dire un gros cadenas permettant de fermer la porte à double battants à l’entrée de notre chambre. Réunis sous l’unique ventilateur, nous programmons la journée du lendemain, lorsque soudain, des cafards géants sortent de la grille de la salle de bain. Armés de tongs, nous les pourchassons et les écrasons sans pitié. S’ensuit une nuit durant laquelle nous ne fermons pas l’oeil. En cause : les cafards, les moustiques, le bruit ininterrompu du trafic, la chaleur et l’étroitesse du lit pour trois. Au petit matin, à 6h00, plus fatigués que la veille, nous quittons au plus vite cet enfer à deux balles !