top of page

Phu Quoc, terre de contrastes

Après l’expérience de l’hôtel à CHF 2.-, nous poursuivons notre route pour Phu Quoc, la plus grande île du Vietnam (574 km2). Avant de l’explorer, nous décidons de prendre des vacances pendant notre voyage… Nous choisissons un hôtel chic en bord de mer. Arrivés devant le bâtiment, le groom, stupéfait, nous aide à décharger nos sacoches. Un peu emprunté, il ne sait pas où stationner nos vélos. A la réception, l’employée nous demande si nous avons fait bon vol, question-type qu’elle répète toute la journée. Nous lui montrons du doigt nos montures. Elle sourit et nous assaille de questions sur notre voyage. Après 4 jours à trianguler entre la piscine, le bar et la plage, notre soif d’exploration est à son paroxysme.


Rouler à vélo à Phu Quoc est un réel plaisir. Nous enchaînons les visites : ferme d’abeilles, cultures du poivre, production de perles, chutes d’eau, parc naturel, multiples plages et surtout un téléphérique. D’une longueur de près de 8 km, ce dernier est le plus long au monde. Le décor de la station de départ nous parachute en Italie : fontaines, ruines romaines, musique typique… Après 20 minutes à contempler de haut les bateaux de pêche et les îles environnantes, la cabine nous dépose sur Pineapple Island. Celle-ci ressemble davantage à Disneyland qu’à ce qu’on connaît du Vietnam.


Malheureusement, « l’île d’émeraude » ne porte pas toujours bien son surnom. Quatre aspects font de l’ombre au tableau : les chantiers, les mines, les déchets et le trafic motorisé. Le premier est propre à l’île, les autres sont extrapolables au Vietnam.


Premier aspect : les chantiers. Après avoir roulé une centaine de kilomètres, nous constatons que Phu Quoc est une île en plein développement. Les hôtels poussent comme des champignons, les routes se déroulent tels des tapis à travers les forêts et un aéroport international a été inauguré en 2012. La croissance économique de l’île est indéniable. Par contre, nous ne sommes pas certains que les profits soient répartis équitablement, surtout lorsqu’on voit des Occidentaux en costard déambuler au milieu de Vietnamiens accroupis au sol en train de planter des brins d’herbe un à un devant l’hôtel. Les constructions défigurent le paysage et provoquent parfois des déplacements de population non souhaités. Heureusement, 70 % de l’île est protégée par un parc naturel. Concernant le reste de l’île, il semble que les promoteurs s’attendent à un important essor touristique, car les constructions sont démesurées. Il nous est arrivé de nous retrouver seuls clients d’un hôtel avec tout un staff à notre disposition, épiant nos moindres gestes afin de satisfaire tous nos besoins. A peine installés sur les chaises longues, qu’un employé s’empresse de nous ouvrir le parasol...


Les multiples guerres que le Vietnam a endurées nous amènent au deuxième aspect : les mines et autres UXO (munitions non explosées). En arrivant sur une minuscule île reliée par une frêle passerelle à Phu Quoc, nous sommes accueillis par un panneau nous signalant la présence de mines. Nous prenons donc garde à ne pas sortir des sentiers préalablement tracés. Le problème est que le besoin d’uriner se fait sentir. Nous n’hésitons alors pas à souiller le chemin plutôt que de prendre le risque de perdre une jambe, et tant pis pour les suivants.


Le troisième aspect est les déchets. Ils sont partout : en ville, au bord des routes, dans les champs, les rivières, la mer et les plages. Nous nous sommes d’abord interrogés sur leurs provenances : est-ce qu’un courant marin ou un vent dominant essaime ces détritus ? Nous avons rapidement eu la réponse. Au bord du Mékong, un café en plein air nous semble accueillant pour y faire une pause. Nous en profitons pour changer la couche de Noémie et demandons au serveur où se trouve la poubelle. Celui-ci nous indique du doigt le fleuve. Incrédules, nous nous demandons si c’est une blague vietnamienne, lorsqu’un client assis à la table d’à côté montre lui aussi le cours d’eau. Nous comprenons que la couche souillée va faire un bout de route avec nous. A plusieurs reprises, nous avons vu des gens jeter délibérément leurs déchets dans l’eau ou les champs. On est loin de la taxe au sac appliquée en Suisse. Le système de gestion des déchets n’est pas au point : ils sont soit brûlés au bord de la route, soit enterrés sans aucun traitement préalable.


Enfin, quatrième aspect, le trafic individuel motorisé à outrance. Nous comptons sur les doigts des mains les personnes que nous avons croisées à pied depuis le début du voyage. Et pour cause, les trottoirs font office de parking à scooters. Chaque déplacement se fait en moto, même pour avancer de 10 mètres. Le Vietnamien ne daigne pas descendre de son deux-roues pour faire ses emplettes au marché, comme si son véhicule était le prolongement de son corps.


Bien que nous ayons davantage développé les côtés peu reluisants de Phu Quoc, nous avons énormément de plaisir à l’explorer !

bottom of page